•    J’étais là, allongée sur ce lit, les jambes en l’air, la douleur me prenant aux tripes toutes les minutes et cette envie irrépressible d’expulser ce monstre à l’intérieur de moi, pendant qu’un public tentait de m’encourager.

    - Pousser mademoiselle, dit le médecin.

    Je prends sur moi, mais j’ai envie de lui hurler dessus, j’aimerais bien l’y voir moi, à ma place. Ce n’est pas lui qui est en train de sortir de son corps une boule de plus ou moins 3kg avec une tête comme une pastèque. Et moi, je n’avais rien demandé de tout ça. 

    Est-ce que j’avais prévu, de me retrouver dans cet hôpital en train d’accoucher d’un enfant que je n’ai pas désiré ? Non, certainement pas. Je suis plutôt une fille tranquille, sans problèmes, qui aime être isolée dans mon coin. La seule personne que je tolère, c’est mon meilleur ami, Nathanaël, que je n’appelle jamais par son prénom, je me demande toujours si ses parents ont été incapables de choisir entre Nathan et Naël, du coup moi, je l’appelle toujours Natouche, il n’aime pas trop ça, mais je préfère plutôt que le diminutif Nate, comme le susurrent toutes ces garces qui lui collent aux pieds. 

    Je ne suis pas amoureuse de lui, c’est clair, mais je déteste toutes ces filles qui veulent se l’approprier alors qu’elles ne le connaissent même pas. Pas comme moi, en tout cas. Tout ce qu’elles veulent, c’est un coup de reins dans les vestiaires du gymnase, et cet abruti de Nathanaël y court sans problème, il pourrait se trouver une gentille fille, ce n’est pas ce qu’il manque sur le campus, mais non, monsieur préfère profiter. Profiter de quoi ? De filles qui n’ont pas été visitées uniquement par le train ? Je ne comprendrais jamais sa vision des choses sur ce point. 

    Toujours est-il que c’est mon meilleur ami et que nous adorons passer du temps ensemble, pourtant, nous ne sommes pas vraiment pareils lui et moi, il est plutôt dans la catégorie des gens cools du bahut, alors que moi plutôt dans la section des vermines qu’on aimerait bien écraser sous nos bottes. Il est très souvent taquiné par ses amis « cools » à cause de notre relation, il s’en fiche au plus haut point et n’a pas honte de rester avec moi. C’est ce qui fait de lui un être exceptionnel. 

    Au fait, moi, c’est Mélissandre, et ça, c’est mon histoire.

     

    Prologue


     

    Pin It

    6 commentaires

  •    Être grande, blonde et pourtant bien taillé ne m’a jamais aidé à faire partie des gens cools et je pense que cette nouvelle année ne va pas déroger à la règle. De toute façon, qu’est-ce que ça peut bien me faire de traîner avec des personnes inintéressantes et superficielles ? A part mon Natouche, je ne supporte aucune de ces têtes de con. Les mecs se prennent pour des princes et les nanas sont toutes des salopes et faux culs. La plupart des inscriptions gravées dans les toilettes, et qui visent justement ces filles populaires, sont généralement faîtes par leur soient disant amies. Laissez-moi rire. Je retrouve mon meilleur ami au petit café du coin. Il est déjà assis et il a commandé pour moi. 

    - Salut Natouche !

    - Ne peux-tu pas m’appeler comme tout le monde ?

    - Tu le sais, je ne suis pas tout le monde !

    - Tient, ton café, noir et sans sucre.

    Chapitre 1 - Septembre

    Je le remercie avant d’avaler une grande gorgée de café. Sentir le liquide ambré descendre le long de ma gorge me procure un sentiment de bien-être. Je ne buvais pas de café jusqu’à il y a quelques mois et aujourd’hui, je ne peux plus m’en passer. Nate me dévisage. Je suis en train de me dire que j’adore ce diminutif, ça lui va vraiment bien, c’est vrai qu’il est très beau comme garçon, ce qui fait son charme se sont ses yeux, il est atteint d’hétérochromie et ça le rend encore plus sexy, mais jamais je n’oserais l’appeler ainsi, puis j’aime trop le taquiner pour l’appeler par son diminutif commun. 

    - On devrait se dépêcher, finit-il par dire, je dois retrouver Sean avant le cours de Sciences.

    - Sean ? Le Sean ? Le tombeur ? Le type qu’on dit aussi bien gaulé qu’un étalon ?

    - Pitié Méli, je croyais que tu n’étais pas ce genre de fille ? 

    - Je ne fais que rapporter ce que j’ai entendu, puis c’est vrai qu’il est mignon.

    Nous finissons nos cafés puis nous prenons la direction du bâtiment des Sciences. Un grand brun adossé au mur attend, avec cette allure de rebelle, mais avec cette assurance qu’ont les gens qui appartiennent au groupe des gens cools. Il lève les yeux vers nous et pose son regard sur moi, waouh. Il a de magnifiques yeux bleus qui transpercent mon âme de part en part.

    - Nate, j’ai bien cru que tu n’allais pas venir.

    - Désolé mec, léger contre temps.

    Chapitre 1 - Septembre

    Il dit ça en tournant sa tête vers moi, je le vois lever les yeux au ciel. Typique réaction, car il voit que je deviens toute écarlate devant son ami.

    - Tient, on n'a jamais eu l’occasion de se rencontrer tous les deux ma belle.

    Il est en train de me parler, et je suis là à sourire et rougir comme une idiote au lieu de répondre, et ce n’est pas du tout ma façon de faire, j’ai tendance à ne jamais minauder devant les mecs, mais Sean, lui, me fait perdre tous mes moyens.

    - C’est Mélissandre, ma meilleure amie. Allez Sean, bouge, on va être en retard. À plus tard Méli ! 

    - Ouai, à plus tard ma belle !

    Je me contente de les regarder partir en faisant un petit signe de la main. Une fois qu’ils sont hors de ma vue, je reprends mes esprits. Non mais qu’est-ce qu’il m’a pris ? Je déteste ce genre de mecs, et ce genre de mecs ne s’intéresse jamais à moi, la seule et unique chose qu’ils veulent, c’est quelque chose que je n’ai pas envie de leur donner.

    En attendant mon prochain cours, je vais réviser dans la bibliothèque. Je retrouve Nate à la fin de la journée pour la dernière heure, un cours de langue, nous avons pris la même option. Il s’assoit à côté de moi et sort ses affaires. Il est étrangement silencieux.

    Chapitre 1 - Septembre

    - Qu’est-ce qu’il t’arrive ce soir Natouche, tu as perdu ta langue ?

    - Écoute, Méli, tu ne devrais pas trop t’approcher de Sean, tu connais sa réputation, ce n’est pas quelqu’un pour toi.

    - Quoi ? Mais je n’ai pas l’intention de traîner avec lui ! 

    - Si tu le dis.

    C’est vrai, je ne vois pas pourquoi j’irais traîner avec quelqu’un comme Sean et lui, il m’aura vite oublié, les mecs comme lui ça voit tellement de filles que ça ne retient ni les prénoms, ni les visages surtout des filles impopulaires comme moi. 

    - Cette heure de cours m’a paru interminable ! Tu rentres avec moi ?

    - Désolé, mais je dois voir Léah ce soir ! 

    - Léah ? Mais tes conquêtes sont de plus en plus craignosse Natouche !

    Il se contente de sourire et de disparaître au bout du couloir. Je rentre dans ma chambre d’étudiante en traînant des pieds et je bosse mes cours. Mon téléphone sonne et me sort le nez de mes bouquins, je l’attrape pour voir qui m’appelle et je réponds.

    Chapitre 1 - Septembre

    - Bonsoir maman ! 

    - Ma chérie, ça fait longtemps que tu ne nous as pas donné de nouvelles !

    - Je sais maman, mais je suis débordée en ce moment.

    - Comment ça se passe ? Comment tu vas ? Comment va Nathanaël ?

    - Tout va bien maman ! Natouche va très bien ! On va très bien ! Je vais te laisser, j’ai du boulot.

    - Très bien, ma chérie, mais ne nous oublie pas ! 

    - Promis maman.

    Je raccroche. Ma mère s’inquiète trop et s’inquiète de tout. C’est vrai que c’est parfois dur de jongler entre les cours et mon petit boulot à la supérette, mais je me débrouille plutôt bien. Nate passe en fin de soirée m’apporter un truc à grignoter, il est tout sourire, apparemment content d’avoir vu cette Léah. 

     C’est typiquement une soirée ordinaire, ma vie se résume à réviser, travailler et être avec Nate, ça fait déjà un an que ça dure et ça me convient. 

    Chapitre 1 - Septembre

       On est jeudi, il reste deux semaines avant la fin du mois et comme tous les jeudis, la fraternité des Sigma Thêta Pi organise une beuverie et comme tous les jeudis, Nate me propose de venir avec lui. Pourquoi j’irais dans ce genre d’endroit ? Bondé de gens bourrés et stupides ! Il est clair que ça ne donne pas envie. 

    - Allez Méli, ça fait un an que je tente de te traîner dans cette soirée, tu peux venir au moins une fois ! Promis, je ne te le demanderais plus après ! Il faut t’amuser un peu ma grande ! 

    - Mais que veux-tu que je fasse à cette beuverie ? 

    - Rester avec moi ! Tu peux juste rester un petit moment ! Allez ! 

    Il me fait son regard de chaton, comment je pourrais résister ? S’il ne me propose plus jamais de venir, je pourrais y aller juste un instant et être tranquille le reste de l’année !

    - Arrête de me faire ces yeux-là ! D’accord, je viens, juste un moment et après tu ne me demanderas plus jamais de mettre les pieds dans ta fraternité !

    - Enfin ! Consécration ! Tu ne comptes pas y aller habiller comme ça ?

    Je détaille ma tenue, un bas de jogging et un t-shirt trop large pour moi. Je lève les yeux au ciel, je suis déjà contrainte d’aller à cette soirée, et en plus, il faut que je m’habille bien ! J’enfile un jean, un débardeur et des ballerines et ça ira très bien.

    Chapitre 1 - Septembre

    - Bon, c’est déjà mieux ! Même si tu étais jolie aussi en jogging ! 

    Je rougis, étonnée, même s’il est toujours gentil avec moi, Nate ne me fait jamais de compliments ! Il attrape ma main et nous allons en direction de la fête.

    Une fois arrivés, tous les étudiants sont ivres, ou presque, voir même drogués pour certains, la maison est remplie de fumée en tous genre et ça empeste. Le groupe d’amis de Nate lui fait signe, je pensais que Sean serait avec eux, mais non. 

    - Tient Nate, tu as ramené miss Sainte-nitouche avec toi ?

    - Arrêtez d’être une bande d’enculés, Méli est quelqu’un de sympa ! 

    Ce qu’il dit clou le bec à la poufiasse aux cheveux mauve. Beurk, quel mauvais goût. Il me tend un verre d’alcool. Je ne bois jamais, il le sait en plus, je refuse donc. Il se penche et me murmure doucement à l’oreille.

    - Ce n’est qu’un peu de bière, promis, ce n’est pas fort et ça te décoincera un peu, je suis sûre que tu peux t’amuser ! 

    Chapitre 1 - Septembre

    Je fais entièrement confiance à Nate, je le prends et pose mes lèves au bord du gobelet. Je bois une petite gorgée, c’est vrai, ce n’est pas fort, mais ce n’est pas très bon, je fais une grimace et il rigole. Au final, je finis par boire le verre en entier, je me sens différente, toute légère, je crois bien que je suis pompette ! Je reste toujours dans mon coin, observant Nate et ses amis qui rigolent entre eux. Au bout d’un moment, une fille qui n’était pas dans le groupe arrive et commence à se coller à lui, elle l’embrasse sur la bouche et il l’embrasse dans le cou. 
    Je trouve ça répugnant, est-ce que c’est le fait d’avoir un peu bu qui me rend comme ça ? Je me lève et pars furieuse, je monte et trouve la chambre de Nate, quand j’ouvre un couple est en train de se bécoter sur son lit. Ma réaction me choque.

    - Dégagez tous les deux, maintenant.

    Ils se tournent vers moi, médusés et quittent la pièce rapidement. Je vais pour fermer la porte et Nate arrive à ce moment-là. 

    - Qu’est-ce qu’il t’arrive Méli ? 

    - Je ne voulais déjà pas venir, mais te voir, fourrer ta langue dans la bouche de cette grognasse, s’en est trop.

    - Est-ce que… Est-ce que tu es jalouse Méli ? 

    Moi ? Jalouse ? Mais n’importe quoi ! Il est complètement fêlé ! 

    - Bien sûr que non ! 

    - Tu préfèrerais peut-être que je fasse ça ?

    Il avance vers moi et je recule instinctivement jusqu’à avoir le dos contre la porte. Il commence à tenir mon menton et rapidement, il trouve ma bouche avec la sienne. Ses lèvres sont douces et pulpeuses, son corps se colle au mien, je sens mes jambes vaciller sous mon désir. Il pose sa main sur ma hanche pendant un instant, puis au bout de quelques secondes, elle commence à remontrer vers ma poitrine. Je romps le baiser. 

    Chapitre 1 - Septembre

    - On ne peut pas faire ça Nate, nous sommes amis.

    Il me lance un regard surpris, je comprends que je viens pour la première fois de l’appeler Nate à haute voix, je suis moi-même surprise. 

    - On ne fait pas ça entre amis ?

    Il pose la question sans attendre de réponse, il saisit mon visage et m’embrasse encore, je me sens désinhibée et je cède aux avances de Nate alors que c’est mon ami. Il redescend sa main sur mon corps puis il le quitte un instant pour verrouiller la porte derrière moi. Est-ce que ça veut dire qu’il n’y a plus de retour en arrière possible ?


     

    Pin It

    9 commentaires

  •  

       Ça fait trois semaines que Nate et moi avons couché ensemble, et depuis, contrairement à ce que l’on avait prévu, nous nous évitons comme la peste. Pourtant, c’était bien et je ne regrette pas, enfin si un peu quand même. Je suis allongée sur mon lit et je ferme les yeux un instant, juste le temps de me souvenir comment c’était.

       Il avait fermé la porte derrière moi tout en continuant à m’embrasser, je sens encore ses mains passer sous mes fesses pour me porter jusqu’à son grand lit, puis ses doigts glisser le long de mes joues pendant qu’il m’embrassait… Il avait commencé par enlever son t-shirt de basket, me laissant admirer son torse nu et il m’avait débarrassé de mon débardeur, puis c’est à ce moment que j’ai commencé à paniquer un peu en voyant que les choses avançaient. 

    - Nate, attends, je n’ai jamais…

    - Comment ça ? Jamais, jamais ?

    - Jamais…

    J’étais un peu rouge de honte devant lui qui était bien plus qu’expérimenté, et même si c’est mon meilleur ami depuis l’an passé, jamais je ne lui ai dit que j’étais encore vierge, c’était mon petit paradis secret, jusqu’à ce soir-là. Je m’étais donc contentée de hocher la tête en guise de non.

    - Je ne t’oblige à rien Méli, sache-le, mais si tu veux continuer, je t’assure que je prendrais mon temps.

    Chapitre 2 - Octobre

    Nos yeux ne se quittaient pas, je ne savais pas quoi répondre, est-ce que j’étais sûre de moi ? Non pas spécialement. Est-ce que je trouverais un autre garçon pour me dire ça ? Assurément que non… Il a pris mon silence pour un oui, m’a souri puis m’a embrassé. Je ne savais pas quoi faire, j’étais un peu tétanisée, il avait attrapé ma main pour la poser sur son torse chaud, m’incitant à moi aussi de le toucher. Il ne m’avait pas obligé à faire quoi que ce soit, se satisfaisant de me donner du plaisir exclusivement. Je me souviens encore de sa bouche sur ma peau brûlante de désir puis il avait fini par glisser entre mes cuisses, doucement, langoureusement comme il l’avait promis. J’ai eu un peu mal au début, mais Nate était tellement attentionné que la douleur s’est vite éteinte. J’ai passé toute la soirée à l’appeler Nate et j’ai adoré ça ainsi que tout ce qu’il s’est produit. Quand tout ça était fini, il s’est allongé à mes côtés, me prenant dans ses bras, embrassant mon front.

    - Tout ça ne change rien entre nous, n’est-ce pas Méli ?

    - Non, bien sûr que non, Nate.

    Il a resserré son étreinte, nous sommes resté là un moment, jusqu’à ce qu’il se lève pour se rhabiller et me raccompagner à ma chambre. Il s’est penché pour embrasser ma joue et je l’ai remercié.

    - Merci Natouche !

    Il m’a regardé avec des petits yeux tristes d’entendre son surnom, sonnant la fin d’une soirée magique. Et après, tout a changé entre nous, nous avons commencé à faire comme si rien ne s’était passé, se retrouvant comme avant, gardant nos vieilles habitudes, et au fil des jours, nous trouvions toujours plus d’excuses pour ne pas se voir. Ce qui me fait regretter ce qu’il s’est passé entre nous, alors que c’était fantastique. Je suis tirée de mes pensées par des coups qui résonnent sur ma porte. Je me lève à contrecœur pour ouvrir. 

    Chapitre 2 - Octobre

    - Natouche, qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pas à ta fête ce soir ?

    - Petite Méli, je suis certain que tu n’as encore rien mangé ! 

    - Non, trop absorber par… mes cours.

    Par le souvenir de cette nuit que nous avons passé tous les deux, surtout. Je souris, un peu nerveuse, nous nous évitons depuis des jours et là, il revient comme si tout était normal. Il me donne les boites de chinois et je le remercie, je lui en tends une, mais il refuse en prétextant avoir déjà mangé. Je finis mes nouilles et m’assois à côté de Nate sur le lit.

    - C’est vrai que j’avais un petit creux, c’est très gentil de m’avoir apporté ça ! Tu n’es pas à ta fête ce soir ?

    - Non, je n’avais pas envie d’y aller, je voulais juste passer du temps avec ma meilleure amie, ça fait un petit moment qu’on n’est pas resté ensemble… 

    - Oui, quelques semaines, on était, tous les deux, débordés…

    Pfff, quel mensonge, pas plus débordés qu’à l’accoutumée en fait. Puis sa main a commencé à trouver la mienne, à doucement caresser mes doigts.

    - En réalité, Méli, c’est que chaque fois que je te voyais, j’avais très envie de t’embrasser et…

    Et il ne finit pas sa phrase, car il se rapproche de moi pour entrer en contact avec mes lèvres, je le laisse m’embrasser et me souviens que la dernière fois que nous avons fait ça, nous nous sommes évités pendant des semaines.

    Chapitre 2 - Octobre

    - On ne devrait pas faire ça, nous sommes juste des amis, rien de plus Nate.

    - Mais j’adore quand c’est toi qui m’appelles Nate.

    C’est vrai que je viens encore de l’appeler Nate sans m’en rendre compte, et moi aussi, j’adore l’appeler comme ça. Mais si jamais notre amitié ne redevenait plus comme avant ? Je tiens trop à lui pour briser cela.

    - Donne-moi juste une autre nuit avec toi et on laisse tout ça au placard après, juste une dernière fois Mél.

    Je ne réponds rien, une nouvelle fois et je me laisse guider par son expérience, je le laisse m’embrasser et me toucher comme seul un amant le ferrait, il me guide et m’apprend à devenir plus confiante en tentant de me laisser les commandes. Et quand nous avons fini et qu’il me prend dans ses bras, je me demande vraiment si nous arriverons à redevenir simplement des amis.

    Au début, j’étais un peu gênée, alors que Nate semblait normal, je me demandais toujours s’il avait envie de m’embrasser en me regardant et cette idée me troublait au plus haut point, puis au bout de quelques jours, j’ai fini par adopter son attitude. Puis nous avons repris nos petites manies, tout naturellement. 

       Ce matin, j’accompagne donc Nate en cours de sciences et Sean est devant la porte en train de regarder son téléphone, il ne fait pas plus attention à nous, seulement lorsque Nate est entré dans la salle, il m’interpelle alors que je repars.

    Chapitre 2 - Octobre

    - Hey bella ! Mélissandre, c’est ça ?

    Sean m’appelle, et il se souvient de mon prénom ! Je me retourne, légèrement choquée.

    - Oui ! 

    - Nate dit que tu es douée en langues, tu ne voudrais pas m’aider un peu ?

    Je manque de m’étouffer à la première partie de sa phrase, comme s’il faisait un sous-entendu. Est-ce que Nate en a parlé ? Puis je me dis que c’est moi qui délire, il ne ferait jamais ça. 

    - Oui si tu veux ! 

    - Génial, tu peux passer ce soir ?

    - Après mon taf, il n’y a pas de problème ! 

    - Merci ma douce !

    Il plante un baiser sur ma joue puis s’éclipse en cours de sciences avec Nate. Je rougis, il a l’air adorable, comparé à ce que j’ai pu entendre à son sujet. Je suis toujours étonnée qu’il se souvienne de mon prénom. Après mon petit boulot, j’ai pris la direction de la fraternité où logent Sean et aussi mon meilleur ami. D’ailleurs, c’est lui que je vois en premier en entrant, il est avec la fille qu’il avait embrassée à la seule fête où j’ai assisté. Lui aussi me voit, il semble gêné, alors qu’il n’y a pas de problème pour moi. Il se lève pour venir à ma rencontre. 

    Chapitre 2 - Octobre

    - Méli, mais qu’est-ce que tu fais là, on ne devait pas se voir ?

    - Non, non, rassure-toi Natouche, tout va bien, je suis venue voir Sean ! 

    - Sean ?

    - Oui, il m’a demandé de l’aider pour ses cours de langues. Tu lui as apparemment dit que j’étais douée ! 

    - C’est vrai, tu es très intelligente, mais Sean, sérieusement, je t’ai dit de faire attention à lui. 

    - Ce n’est que quelque cours Nate.

    Il a deux yeux en billes, et je dois avoir le même regard, je me contente de rougir, il est sorti tout seul celui-là. Puis Sean arrive et me sort de cette situation. Il me guide jusqu’à sa chambre et nous commençons à bosser. J’ai fait ça pendant une semaine et demie, pour qu’il puisse avoir une bonne note à son prochain examen, examen qu’il a finalement réussi, il est tout fier de me montrer son B+. 

    - Je n’aurais jamais réussi sans toi ! Tu es géniale ! 

    Il saisit ma joue pour y poser un petit baiser, je ne peux m’empêcher de rougir à son contact, il ne lâche pas ma joue et embrasse mes lèvres. Je suis tellement flattée qu’un garçon comme lui puisse m’embrasser. Je lui rends son baiser, mais il se fait plus insistant, quémandant autre chose qu’un simple baiser. Je ne suis pas prête à m’abandonner si facilement à lui. 

    Chapitre 2 - Octobre

    - Arrête Sean, je ne veux pas faire ça.

    - Quoi, tu vas jouer les vierges effarouchées avec moi ? 

    - Qu’est-ce qu’il te prend ?

    - Je suis sûre que tu te tapes ton soit disant meilleur ami et tu joues les sainte-nitouche avec moi, tu sais combien de meufs seraient ravies d’être à ta place en ce moment ?

    Je reste interdite. Les larmes au bord des yeux. Je ne réponds rien, je me lève et quitte l’endroit avec la boule au ventre. Je me demande si Nate en a parlé, et je finis par me dire qu’il avait raison à propos de Sean, ce n’est qu’un petit con prétentieux et égoïste… Le genre de personnes que je déteste. Au fil des jours les gens ont commencé à me regarder bizarrement et a chuchoter sur mon passage, même Nate m’a évité. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi...

    Ne tenant plus en place, je décide qu’il est temps de tirer les choses au clair, j’envoie un message à Nathanaël en lui disant qu’il faut qu’on parle et que j’arrive à sa fraternité. Seulement, ce que j’avais oublié, c’est que c’était le soir d’Halloween, évidemment tout le monde fait la fête et est déguisé, sauf moi ! 
    Tant pis, je sais que Nate se trouvera, quoi qu’il arrive, dans cette maison qui sert de repère au plus gros connard que j’ai pu croiser. En chemin, un romain et un pirate me bousculent. 

    - Hey mec, c’est pas elle ? 

    - Hey, sainte-nitouche ! 

    Les deux garçons m’ont l’air bien alcoolisé et ne m’inspirent pas confiance, seulement le temps que je tourne les talons pour marcher plus vite, le romain saisit mon bras avec force.

    - Où tu vas comme ça ? 

    Chapitre 2 - Octobre

    Au moment où j’ouvre la bouche pour leur crier de me lâcher le pirate pose sa main dessus en serrant très fort.

    - Reste un peu ma jolie, on va bien s’amuser tous les trois.

    Ils me traînent à l’écart du passage, les larmes coulant le long de mes joues, essayant de me débattre, vainement. Le premier m’empêche de parler pendant que le second me couche sur le sol en prenant soin de me tenir tout en retirant le bas de mes vêtements. Je me débats encore et toujours mais je comprends vite que cela ne sert à rien… alors j’arrête tout simplement en attendant qu’ils finissent par se lasser et de me laisser ici comme une chose sans importance.


     

     

    Pin It

    8 commentaires

  •  

       Au bout de plusieurs minutes, après s’être échangés les places, les deux hommes ont finis par me laisser comme je l’avais prévu, seule et souillée. Sans se retourner, comme si je n’avais pas été là. J’ai dû rester recroquevillée sur moi-même pendant un moment avant de trouver le courage de ramasser mes vêtements et d’arriver à me lever. Oubliant ce que j’étais venue faire, j’ai fait demi-tour pour retourner dans ma chambre.

    Ce soir-là, j’ai passé 3 heures sous ma douche à me frotter jusqu’au sang pour essayer d’enlever les images que j’avais en tête, mais c’était inutile, j’ai fini par arrêter puis j’ai enfilé un pyjama et je me suis emmitouflée sous mes couettes en pleurant encore et encore. Je me suis levée aux aurores complètement paniquée par ce que je devais faire à présent, j’ai commencé par aller à la pharmacie chercher de quoi anéantir toutes « chances » de grossesse. J’ai avalé le cachet directement puis j’ai pris la direction du labo pour savoir comment ça se passait pour les tests, mais je dois attendre 6 semaines… Et pour finir le tour, j’appelle un gynéco pour le reste, la conne au téléphone me dit qu’il n’y a pas de place avant la semaine prochaine et quand je m’énerve pour lui dire que j’ai vraiment besoin de faire ses putains de tests, elle finit par me caser le lendemain entre deux rendez-vous. 

    J’ai séché toute la journée, je suis restée dans ma chambre, prostrée sous ma couette. Je sursaute quand on toque à ma porte, j’ai peur d’aller ouvrir.

    - Méli ouvre, c’est Nate. 

    Chapitre 3 - Novembre

    Je me lève finalement, mais je n’ai pas plus envie de lui parler. J’entrebâille seulement la porte. 

    - Qu’est-ce que tu veux ? 

    - Tu n’es pas venue en cours aujourd’hui, tu vas bien ? Je n’ai vu ton message que ce matin, qu’est-ce que tu voulais ? 

    - Rien, Nathan, rien du tout. Tu peux retourner dans ta fraternité, laisse-moi tranquille.

    - Mais laisse-moi entrer Méli, qu’est-ce qu’il se passe ? 

    Je n’ai pas envie de lui répondre, je ferme juste la porte en criant à travers « va-t’en ». Je m’écroule au bas de la porte en pleurant à chaudes larmes. J’entends la poignée faire du bruit et la porte me pousser doucement. Je me relève pour la plaquer, mais je n’ai de toute façon plus de force. 

    - Tu croyais vraiment que j’allais partir comme ça ? Qu’est-ce que tu as ? 

    Je n’ai pas la force de lui dire ce qu’il m’est arrivé, alors je pleure sans m’arrêter. Il ne cherche pas à me faire parler, il me prend dans ses bras et serre fort, un bruit de douleur s’échappe de ma bouche et Nate recule, il soulève la manche de mon pull pour y découvrir de gros bleus. Tête baissée, je n’ose pas le regarder. 

    Chapitre 3 - Novembre

    - Qui t’as fait ça ? 

    - Je ne sais pas… Je ne veux pas en parler. 

    Je vois qu’il est en colère, pas contre moi, mais il voudrait que je déballe mon sac, seulement, je ne peux pas, j’ai trop honte… Il m’attrape cette fois doucement, me porte et me dirige vers le lit, il retire ses chaussures puis nous nous allongeons tous les deux, il m’enlace. 

    - Ne pleure plus petite Méli, je suis là.

    Il est resté avec moi toute la nuit, resserrant son étreinte lorsque je me mettais à pleurer. Il a fini par s’endormir, il est tôt et je suis déjà réveillée, je n’ose pas bouger, je ne veux pas le réveiller, mais je me mets à pleurer, encore, il s’agite et ressert ses bras autour de moi en murmurant doucement un « shhhhh » apaisant. Je me rendors encore et me lève en sursaut quand je sens une main effleurer ma joue.

    - Désolé, ce n’est que moi Méli, je dois aller en cours, mais je reviens ce soir. 

    - Tu ne devrais pas revenir Nathanaël…

    - On verra ça ce soir. 

    Il plante un baiser sur mon front avant de quitter ma chambre, je commence à pleurer, mais la porte s’ouvre de nouveau, c’est lui qui revient, le regard triste, il s’approche de moi et pose un baiser sur mes lèvres.

    - Tu veux que je reste là ?

    - Non va en cours, j’ai des trucs à faire aujourd’hui. 

    - Comme tu veux, mais ne me rejettes pas. 

    Chapitre 3 - Novembre

    Il embrasse ma joue puis file comme un ninja. Je me lève et prends l'énième douche depuis que c’est arrivé. En frottant toujours jusqu’au sang. Je m’habille et file à mon rendez-vous.

       Ça fait deux semaines et je viens d’aller chercher les résultats, je suis stressée en ouvrant l’enveloppe, mais la pression redescend lentement quand je vois que tout est négatif, il me reste encore le gros test à faire, plus que 3 semaines à attendre, c’est long. J’ai repris les cours, mais je ne suis pas tranquille dès que je sors de ma chambre, je passe mon temps à regarder par-dessus mon épaule. Les bleus sur mes bras s’estompent, mais ceux sur mes cuisses persistent encore… la gynéco a bien compris et a voulu avoir le fin mot de l’histoire, je lui ai dit de s’occuper de mes prélèvements et de me laisser tranquille. Nate m’accompagne dès qu’il le peut, parfois, il dort même avec moi et je l’en remercie. Il est encore avec moi ce soir, dans un élan d’honnêteté, les mots sortent de ma bouche, nous surprenant tous les deux.

    - Tu as dit qu’on avait couché ensemble ? 

    - Quoi ?

    - Est-ce que tu as raconté à quelqu’un qu’on avait couché ensemble ?

    - Non, jamais… tu me connais quand même.

    - Oui, tu aimes vanter tes conquêtes ! 

    - Tu te sous-estimes, tu es bien plus qu’une conquête Méli, je te respecte bien trop pour te faire du mal. Est-ce que tu as couché avec Sean ?

    - Bien sûr que non ! C’est ce qu’il a dit ? C’est pour ça que les gens parlaient dans mon dos, c’est pour ça que c’est arrivé…

    Chapitre 3 - Novembre

    Il ne répond pas, mais son regard acquiesce. Je recommence à pleurer, tout ça parce que j’ai repoussé les avances de Sean. Nate se rapproche de moi et touche mon bras, je sursaute mécaniquement. 

    - Je déteste te voir comme ça, je te fais peur alors que je n’ai rien fait. Montre-moi.

    - Tu veux que je te montre quoi ?

    - Montre-moi tes bleus, tous tes bleus.

    Je me recroqueville et secoue de la tête pour lui dire non, hors de question qu’il me voit de nouveau à moitié nue et surtout dans cet état. Plus jamais. 

    - Juste montre-moi, c’est tout, je ne te touche pas, je ne fais rien.

    Il ne dit rien de plus, il attend que je veuille bien lui montrer les marques sur mon corps, alors je cède. Je me lève et retire mon pull, puis je déboutonne mon jean et le baisse assez pour qu’il puisse voir les bleus sur mes cuisses et je le remonte vite fait et remets mon pull.

    - Si je trouve celui qui t’a fait ça, je ne me retiendrais pas.

    Je n’ai pas la force de lui dire qu’ils étaient deux, alors je baisse juste la tête, il me tend la main et je l’attrape pour me glisser contre lui. C’est le seul endroit où je me sens en sécurité. Notre relation est devenue vraiment très ambiguë, je ne sais pas trop ce que nous sommes, il est vraiment amical avec moi, mais parfois, il lui arrive de m’embrasser sur la bouche, comme s’il m’embrassait sur la joue. J’avoue ne pas avoir envie de me poser de questions alors je laisse faire les choses pour le moment. 

    Chapitre 3 - Novembre

       Ça fait un mois déjà que ça s’est passé et je suis toujours traumatisée, je ne pensais pas en avoir, mais les cauchemars ont commencé à faire leurs apparitions. Alors quand Nate dort avec moi, il m’apaise rapidement, mais quand je suis seule, j’en ai pour des heures à me rendormir. Ce soir, c’est un soir sans Nate et je me réveille en plein milieu de la nuit, j’en tremble de peur. Puis je suis énervée, contre moi, contre Sean, et même contre Nate… contre le monde entier. 

    Chapitre 3 - Novembre

    Je me lève de mon lit et me dirige vers la salle de bain, je prends le premier rasoir à portée de main, je regarde mon reflet dans le miroir, je déteste ce que je vois, une pauvre fille détruite, alors je remonte la manche de mon sweat et j’entaille ma chair, la sensation de la lame coupant ma peau me fait du bien, le sang qui coule m’apaise alors je recommence, encore et encore. Je finis par lâcher le rasoir et par m’adosser contre la baignoire, les bras en sang, mais apaisée, du moins pour un instant. Le sang qui goutte sur le sol blanc ne me fait pas peur. Je me lève et je passe un gant sur les marques pour enlever le sang qui a séché puis je retourne dans mon lit. 

    Je suis tirée de mon sommeil par l’arrivée de Nate, il frappe à la porte en attendant que je veuille bien lui ouvrir, alors je me lève tant bien que mal pour le faire entrer. 

    - Salut petite Méli, tu vas encore rester enfermé aujourd’hui ?

    - Hum, sûrement. 

    - Alors tu es condamnée à me supporter dans cette petite pièce. 

    - Si tu veux. 

    Je monte sur mon lit et me tourne côté mur pour m’allonger, je me demande encore pourquoi Nate vient et reste avec moi alors qu’il pourrait profiter de son samedi. Au lieu de ça, il va attendre que je veuille bien décrocher un mot, que je veuille bien m’intéresser à sa présence. Et il ne s’en plaint même pas. 

    Chapitre 3 - Novembre

    - Pourquoi tu viens ici ?

    - Pour être avec toi.

    - Tu perds ton temps, tu le vois bien. 

    - Je ne perds jamais mon temps avec toi Méli. 

    Mon cœur se réchauffe quand il me dit ça, je ne sais pas pourquoi. Je ne voudrais plus jamais rien ressentir pour personne, je voudrais être seule avec moi-même et me morfondre, alors je me retourne pour lui dire de s’en aller, il me regarde de ses yeux envoûtants et colorés et avant que j’aie le temps d’en placer une, il se penche vers moi pour embrasser mes lèvres, je ferme instinctivement les yeux et lorsque sa bouche quitte la mienne, j’ai un pincement. Est-ce que j’en voudrais encore ? Est-ce que j’en voudrais plus ? Qui voudrait d’une fille qui s’est fait salir ? Et dans mon malheur, je me dis que ça aurait pu être pire, à quelques semaines près, si Nate n’avait pas franchi le pas, ça aurait pu être ça, ma première fois. Il se lève pour aller dans la salle de bain, et quand il s’apprête à franchir la porte, je me souviens de ce que j’ai fait cette nuit, et que je n’ai rien nettoyé.

    - Nate !

    Mais il est déjà entré et il voit le sang un peu partout, il se retourne pour me regarder, choqué, il s’avance, les larmes aux yeux et je suis peinée de le voir comme ça. J’ai honte qu’il ait découvert ce que j’ai fait. 

    Chapitre 3 - Novembre

    - Mais qu’est-ce que tu as fait Mélissandre ?

    Il attrape mes mains violemment et lève les manches de mon pull, il voit les entailles toutes fraîches sur ma peau, une lueur de colère au fond des yeux, il repose sa question.

    - Pourquoi as-tu fait ça Mélissandre ? 

    - Mais parce que j’ai envie de mourir Nate…


     

     

    Pin It

    7 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique