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       Au bout de plusieurs minutes, après s’être échangés les places, les deux hommes ont finis par me laisser comme je l’avais prévu, seule et souillée. Sans se retourner, comme si je n’avais pas été là. J’ai dû rester recroquevillée sur moi-même pendant un moment avant de trouver le courage de ramasser mes vêtements et d’arriver à me lever. Oubliant ce que j’étais venue faire, j’ai fait demi-tour pour retourner dans ma chambre.

    Ce soir-là, j’ai passé 3 heures sous ma douche à me frotter jusqu’au sang pour essayer d’enlever les images que j’avais en tête, mais c’était inutile, j’ai fini par arrêter puis j’ai enfilé un pyjama et je me suis emmitouflée sous mes couettes en pleurant encore et encore. Je me suis levée aux aurores complètement paniquée par ce que je devais faire à présent, j’ai commencé par aller à la pharmacie chercher de quoi anéantir toutes « chances » de grossesse. J’ai avalé le cachet directement puis j’ai pris la direction du labo pour savoir comment ça se passait pour les tests, mais je dois attendre 6 semaines… Et pour finir le tour, j’appelle un gynéco pour le reste, la conne au téléphone me dit qu’il n’y a pas de place avant la semaine prochaine et quand je m’énerve pour lui dire que j’ai vraiment besoin de faire ses putains de tests, elle finit par me caser le lendemain entre deux rendez-vous. 

    J’ai séché toute la journée, je suis restée dans ma chambre, prostrée sous ma couette. Je sursaute quand on toque à ma porte, j’ai peur d’aller ouvrir.

    - Méli ouvre, c’est Nate. 

    Chapitre 3 - Novembre

    Je me lève finalement, mais je n’ai pas plus envie de lui parler. J’entrebâille seulement la porte. 

    - Qu’est-ce que tu veux ? 

    - Tu n’es pas venue en cours aujourd’hui, tu vas bien ? Je n’ai vu ton message que ce matin, qu’est-ce que tu voulais ? 

    - Rien, Nathan, rien du tout. Tu peux retourner dans ta fraternité, laisse-moi tranquille.

    - Mais laisse-moi entrer Méli, qu’est-ce qu’il se passe ? 

    Je n’ai pas envie de lui répondre, je ferme juste la porte en criant à travers « va-t’en ». Je m’écroule au bas de la porte en pleurant à chaudes larmes. J’entends la poignée faire du bruit et la porte me pousser doucement. Je me relève pour la plaquer, mais je n’ai de toute façon plus de force. 

    - Tu croyais vraiment que j’allais partir comme ça ? Qu’est-ce que tu as ? 

    Je n’ai pas la force de lui dire ce qu’il m’est arrivé, alors je pleure sans m’arrêter. Il ne cherche pas à me faire parler, il me prend dans ses bras et serre fort, un bruit de douleur s’échappe de ma bouche et Nate recule, il soulève la manche de mon pull pour y découvrir de gros bleus. Tête baissée, je n’ose pas le regarder. 

    Chapitre 3 - Novembre

    - Qui t’as fait ça ? 

    - Je ne sais pas… Je ne veux pas en parler. 

    Je vois qu’il est en colère, pas contre moi, mais il voudrait que je déballe mon sac, seulement, je ne peux pas, j’ai trop honte… Il m’attrape cette fois doucement, me porte et me dirige vers le lit, il retire ses chaussures puis nous nous allongeons tous les deux, il m’enlace. 

    - Ne pleure plus petite Méli, je suis là.

    Il est resté avec moi toute la nuit, resserrant son étreinte lorsque je me mettais à pleurer. Il a fini par s’endormir, il est tôt et je suis déjà réveillée, je n’ose pas bouger, je ne veux pas le réveiller, mais je me mets à pleurer, encore, il s’agite et ressert ses bras autour de moi en murmurant doucement un « shhhhh » apaisant. Je me rendors encore et me lève en sursaut quand je sens une main effleurer ma joue.

    - Désolé, ce n’est que moi Méli, je dois aller en cours, mais je reviens ce soir. 

    - Tu ne devrais pas revenir Nathanaël…

    - On verra ça ce soir. 

    Il plante un baiser sur mon front avant de quitter ma chambre, je commence à pleurer, mais la porte s’ouvre de nouveau, c’est lui qui revient, le regard triste, il s’approche de moi et pose un baiser sur mes lèvres.

    - Tu veux que je reste là ?

    - Non va en cours, j’ai des trucs à faire aujourd’hui. 

    - Comme tu veux, mais ne me rejettes pas. 

    Chapitre 3 - Novembre

    Il embrasse ma joue puis file comme un ninja. Je me lève et prends l'énième douche depuis que c’est arrivé. En frottant toujours jusqu’au sang. Je m’habille et file à mon rendez-vous.

       Ça fait deux semaines et je viens d’aller chercher les résultats, je suis stressée en ouvrant l’enveloppe, mais la pression redescend lentement quand je vois que tout est négatif, il me reste encore le gros test à faire, plus que 3 semaines à attendre, c’est long. J’ai repris les cours, mais je ne suis pas tranquille dès que je sors de ma chambre, je passe mon temps à regarder par-dessus mon épaule. Les bleus sur mes bras s’estompent, mais ceux sur mes cuisses persistent encore… la gynéco a bien compris et a voulu avoir le fin mot de l’histoire, je lui ai dit de s’occuper de mes prélèvements et de me laisser tranquille. Nate m’accompagne dès qu’il le peut, parfois, il dort même avec moi et je l’en remercie. Il est encore avec moi ce soir, dans un élan d’honnêteté, les mots sortent de ma bouche, nous surprenant tous les deux.

    - Tu as dit qu’on avait couché ensemble ? 

    - Quoi ?

    - Est-ce que tu as raconté à quelqu’un qu’on avait couché ensemble ?

    - Non, jamais… tu me connais quand même.

    - Oui, tu aimes vanter tes conquêtes ! 

    - Tu te sous-estimes, tu es bien plus qu’une conquête Méli, je te respecte bien trop pour te faire du mal. Est-ce que tu as couché avec Sean ?

    - Bien sûr que non ! C’est ce qu’il a dit ? C’est pour ça que les gens parlaient dans mon dos, c’est pour ça que c’est arrivé…

    Chapitre 3 - Novembre

    Il ne répond pas, mais son regard acquiesce. Je recommence à pleurer, tout ça parce que j’ai repoussé les avances de Sean. Nate se rapproche de moi et touche mon bras, je sursaute mécaniquement. 

    - Je déteste te voir comme ça, je te fais peur alors que je n’ai rien fait. Montre-moi.

    - Tu veux que je te montre quoi ?

    - Montre-moi tes bleus, tous tes bleus.

    Je me recroqueville et secoue de la tête pour lui dire non, hors de question qu’il me voit de nouveau à moitié nue et surtout dans cet état. Plus jamais. 

    - Juste montre-moi, c’est tout, je ne te touche pas, je ne fais rien.

    Il ne dit rien de plus, il attend que je veuille bien lui montrer les marques sur mon corps, alors je cède. Je me lève et retire mon pull, puis je déboutonne mon jean et le baisse assez pour qu’il puisse voir les bleus sur mes cuisses et je le remonte vite fait et remets mon pull.

    - Si je trouve celui qui t’a fait ça, je ne me retiendrais pas.

    Je n’ai pas la force de lui dire qu’ils étaient deux, alors je baisse juste la tête, il me tend la main et je l’attrape pour me glisser contre lui. C’est le seul endroit où je me sens en sécurité. Notre relation est devenue vraiment très ambiguë, je ne sais pas trop ce que nous sommes, il est vraiment amical avec moi, mais parfois, il lui arrive de m’embrasser sur la bouche, comme s’il m’embrassait sur la joue. J’avoue ne pas avoir envie de me poser de questions alors je laisse faire les choses pour le moment. 

    Chapitre 3 - Novembre

       Ça fait un mois déjà que ça s’est passé et je suis toujours traumatisée, je ne pensais pas en avoir, mais les cauchemars ont commencé à faire leurs apparitions. Alors quand Nate dort avec moi, il m’apaise rapidement, mais quand je suis seule, j’en ai pour des heures à me rendormir. Ce soir, c’est un soir sans Nate et je me réveille en plein milieu de la nuit, j’en tremble de peur. Puis je suis énervée, contre moi, contre Sean, et même contre Nate… contre le monde entier. 

    Chapitre 3 - Novembre

    Je me lève de mon lit et me dirige vers la salle de bain, je prends le premier rasoir à portée de main, je regarde mon reflet dans le miroir, je déteste ce que je vois, une pauvre fille détruite, alors je remonte la manche de mon sweat et j’entaille ma chair, la sensation de la lame coupant ma peau me fait du bien, le sang qui coule m’apaise alors je recommence, encore et encore. Je finis par lâcher le rasoir et par m’adosser contre la baignoire, les bras en sang, mais apaisée, du moins pour un instant. Le sang qui goutte sur le sol blanc ne me fait pas peur. Je me lève et je passe un gant sur les marques pour enlever le sang qui a séché puis je retourne dans mon lit. 

    Je suis tirée de mon sommeil par l’arrivée de Nate, il frappe à la porte en attendant que je veuille bien lui ouvrir, alors je me lève tant bien que mal pour le faire entrer. 

    - Salut petite Méli, tu vas encore rester enfermé aujourd’hui ?

    - Hum, sûrement. 

    - Alors tu es condamnée à me supporter dans cette petite pièce. 

    - Si tu veux. 

    Je monte sur mon lit et me tourne côté mur pour m’allonger, je me demande encore pourquoi Nate vient et reste avec moi alors qu’il pourrait profiter de son samedi. Au lieu de ça, il va attendre que je veuille bien décrocher un mot, que je veuille bien m’intéresser à sa présence. Et il ne s’en plaint même pas. 

    Chapitre 3 - Novembre

    - Pourquoi tu viens ici ?

    - Pour être avec toi.

    - Tu perds ton temps, tu le vois bien. 

    - Je ne perds jamais mon temps avec toi Méli. 

    Mon cœur se réchauffe quand il me dit ça, je ne sais pas pourquoi. Je ne voudrais plus jamais rien ressentir pour personne, je voudrais être seule avec moi-même et me morfondre, alors je me retourne pour lui dire de s’en aller, il me regarde de ses yeux envoûtants et colorés et avant que j’aie le temps d’en placer une, il se penche vers moi pour embrasser mes lèvres, je ferme instinctivement les yeux et lorsque sa bouche quitte la mienne, j’ai un pincement. Est-ce que j’en voudrais encore ? Est-ce que j’en voudrais plus ? Qui voudrait d’une fille qui s’est fait salir ? Et dans mon malheur, je me dis que ça aurait pu être pire, à quelques semaines près, si Nate n’avait pas franchi le pas, ça aurait pu être ça, ma première fois. Il se lève pour aller dans la salle de bain, et quand il s’apprête à franchir la porte, je me souviens de ce que j’ai fait cette nuit, et que je n’ai rien nettoyé.

    - Nate !

    Mais il est déjà entré et il voit le sang un peu partout, il se retourne pour me regarder, choqué, il s’avance, les larmes aux yeux et je suis peinée de le voir comme ça. J’ai honte qu’il ait découvert ce que j’ai fait. 

    Chapitre 3 - Novembre

    - Mais qu’est-ce que tu as fait Mélissandre ?

    Il attrape mes mains violemment et lève les manches de mon pull, il voit les entailles toutes fraîches sur ma peau, une lueur de colère au fond des yeux, il repose sa question.

    - Pourquoi as-tu fait ça Mélissandre ? 

    - Mais parce que j’ai envie de mourir Nate…


     

     

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  •  Depuis que Nate a constaté la part sombre en moi, il ne me lâche plus d’une semelle. On s’était disputé ce soir-là. Il tenait mes poignets fermement entre ses mains, pendant que je pleurais. 

    - Pas de ça avec moi Mélissandre, parles-en à quelqu’un, mais ne fait pas ça.

    - Lâche-moi, tu me fais mal.

    - C’est ce que tu cherches, non ? Avoir mal pour oublier, est-ce que tu oublies là, que je tiens à toi ? 

    - Lâche-moi ! 

    Il avait lâché mes poignets et dans un élan de colère, je l’avais giflé avec plus de force que je ne le pensais.

    - Vas-y, frappe-moi si ça peut te soulager, mais je t’en prie, ne te mutile plus jamais.

    - Dégage, laisse-moi tranquille, je n’ai pas besoin de toi, je n’ai besoin de personne.

    Je hurlais ça en pleurant, j’étais pathétique, bien sûr que j’avais besoin de lui, mais j’étais trop en colère pour le lui dire. J’ai commencé à frapper son torse de mes petits poings en répétant continuellement « je te déteste » et il est resté là, debout, devant moi, attendant que je finisse par m’écrouler par terre, car il savait très bien que ce n’était pas après lui que j’en avais. Puis il s’est accroupi lui aussi et m’a serré dans ses bras pendant que je pleurais, encore et toujours en lui demandant pardon. 

    Chapitre 4 - Décembre

    Il m’a accompagné faire mon dernier test, celui que je redoutais le plus, mais avec son soutien cela a été plus facile à vivre. Il tient ma main pendant que je récupère l’enveloppe des résultats, puis je le lâche pour l’ouvrir, mais mes doigts tremblent beaucoup trop. 

    - Je n’y arrive pas… fais-le.

    Sur ces mots, je lui tends l’enveloppe et je ferme les yeux par peur de croiser son regard. J’entends le bruit du papier qu’il arrache entre ses imposantes mains de sportif puis la feuille où sont inscrits les résultats. Il pose sa main sur mon bras.

    - Tu vas bien, tu n’as rien, tout va bien se passer maintenant. 

    Je lui saute au cou et reste dans ses bras un instant, je voudrais lui dire mille fois merci, d’être là pour moi, de me soutenir, d’être mon ami tout simplement, mais les mots ne veulent pas sortir de ma bouche alors je reste suspendu à son cou sans dire un mot. 

    À la fin de la semaine, je retourne chez mes parents, enfin chez ma mère et mon nouveau beau-père. Il est sympathique, mais nous avons encore du mal à nous accorder tous les deux, même si nous nous entendons très bien ! J’appréhende les retrouvailles, ça fait des mois que nous sommes séparés et j’ai changé, je ne suis plus cette petite fille guillerette, et si je ne veux pas que ma mère pose des questions, je vais devoir jouer le jeu, mais est-ce que j’arriverais à la tromper ? Je ne sais pas encore. Au téléphone, elle a commencé à me dire que j’avais l’air bizarre, j’ai prétexté que c’était la fatigue, j’espère qu’elle m’a cru. Elle m’a demandé si Nate venait cette année, je ne lui en ai pas encore parlé, mais l’an dernier, il avait passé les fêtes de fin d’année avec nous, ses parents ne sont jamais chez eux et Nate se retrouve seul avec des domestiques, et ce n’est pas ce qu’il souhaite pour Noël, et ma mère le considère comme son fils donc c’est tout naturellement qu’elle espère l’avoir encore à la maison. 

    Chapitre 4 - Décembre

    - Ma mère veut savoir si tu viens pour les vacances cette année ?

    Il a ses yeux qui pétillent, mais il a un regard triste, il veut sourire, mais son visage reste fermé. 

    - J’ai déjà usé de votre hospitalité aux vacances d’hiver l’année dernière, je ne vais pas m’imposer cette année encore.

    - Tes parents seront là ?

    - Non, évidemment que non. 

    - Alors, tu veux venir à la maison ? Tu sais que ma mère t’adore Natouche !

    - Et toi ? Tu veux que je vienne ? 

    - Bien sûr que ça me ferait plaisir de t’avoir avec moi pendant les vacances, et qui me surveillera sinon ?

    - Ce n’est pas drôle Méli. Tu peux dire à ta mère de compter un invité alors.

    Je suis contente qu’il vienne, dans un élan de spontanéité, j’embrasse ses lèvres. Il est surpris, c’est souvent lui qui m’embrasse comme ça et souvent, j’ai fini par le remarquer, dans un esprit plutôt amical, non amoureux. Est-ce que j’ai envie d’être amoureuse de lui ? Non, c’est mon meilleur ami. Je dois être rouge de honte, je me lève et je file dans ma petite salle de bain pour éclairer mes idées. 

    Ça y est, nous sommes sur le départ, Nate a pris nos valises et les a mises dans sa Golf sportive, et m’attend à côté, sourire aux lèvres. 

    - Je suis content de passer un peu de temps avec toi, loin d’ici, j’espère que ça va te ressourcer un peu. 

    Chapitre 4 - Décembre

    Il embrasse mon front et m’ouvre la portière, il est adorable. Moi aussi, j’ai hâte de quitter cet endroit pour quelques semaines, mais c’est toujours mieux que rien. Et surtout de retrouver mes racines, j’en ai vraiment besoin. Vu le temps, Nate conduit prudemment, pour changer un peu, j’ai toujours peur qu’il se tue avec cette voiture, mais il aime l’adrénaline que lui procure la vitesse. Il nous faut bien 4h pour arriver à destination, ma mère campe devant la maison avec son nouvel ami, elle est tout excitée. 

    - Ça va aller Méli ?

    - Oui, ça va ! Mais pas un mot, s’il-te-plait.

    - Oui, je sais, ne t’inquiète pas. 

    Il attrape ma main pour déposer un baiser dessus. Je descends de la voiture et ma mère vient en courant, elle me prend dans ses bras et serre trop fort.

    - Maman, je ne peux plus respirer.

    - Oh pardon ma chérie, je suis si heureuse de te voir ! 

    - Moi aussi maman.

    - Oh Nathanaël, mon grand, je suis contente de t’avoir parmi nous ! 

    - Merci à vous pour l’invitation.

    Des embrassades, des embrassades, des embrassades à perte de vue, ma mère ne veut pas nous lâcher. Bises et poignée de main virile avec mon beau-père fait redescendre un peu l’enthousiasme de notre petite bande. 

    Chapitre 4 - Décembre

    - Vous devez être fatigués, vous avez faim ? Qu’est-ce qu’il vous ferait envie les enfants ?

    - Lainie, calme-toi, ils viennent tout juste d’arriver ! 

    - Oh oui pardon, mais tu sais comme je suis heureuse de les avoir avec moi, tous les deux ! 

    Mon beau-père nous sourit et nous lui répondons également d’un sourire pour le remercier de calmer la tempête que peut être ma mère quand elle est de trop bonne humeur. Elle nous monte à nos chambres, l’une en face de l’autre, nous entrons chacun dans notre espace pour nous rafraîchir avant le diner. 

    Je me rends compte que de retrouver ma famille, mon chez-moi m’a redonné le sourire et je ne joue pas du tout la comédie, je me sens bien, et ça me donne envie d’aller de l’avant et d’arrêter de me morfondre. Quand je sors de ma chambre pour descendre, je tombe sur Nate, ça nous fait sourire, puis nous rejoignons ma famille au rez-de-chaussée. Fidèle à elle-même, ma mère a fait à manger pour un régiment.

    - Mange Mélissandre, tu es trop maigre. Nathanaël, est-ce qu’elle mange au moins ?

    - Pas toujours, elle a trop souvent le nez dans ses bouquins, mais je fais ce que je peux.

    Je lève les yeux au ciel sous le regard réprobateur de ma mère et le sourire de Nate. Le repas se passe bien, ça fait des mois que je n’ai pas aussi bien mangé et je suis heureuse, oui, je suis heureuse. J’en oublie mes soucis et je profite. Tout le monde va se coucher, et quand je me retrouve seule dans le noir, je n’arrive pas à dormir, je fixe le plafond. Je me tourne et me retourne sans trouver le sommeil. Je trouve juste le temps long, je reste comme ça pendant un peu plus d’une heure et je me lève. 

    Chapitre 4 - Décembre

    Je marche doucement, le vieux plancher craque sous mes pas et ma porte grince, je déteste ça. J’entends mon beau-père ronfler au bout du couloir, je prie pour ça ait caché tout ce raffut. Je m’épargne du bruit supplémentaire, j’ouvre la porte de Nate sans signaler ma présence. Lui n’a apparemment pas eu de difficultés à s’endormir non plus. Sa respiration régulière parvient jusqu’à mes oreilles, ça m’apaise, je me glisse à côté de lui, son corps est brulant alors que je meurs de froid, il sent vraiment bon.

    - Qu’est-ce qu’il se passe Méli, tu as fait un cauchemar ?

    - Non, je n’arrive même pas à dormir.

    Il a la voix rauque. Il me serre dans ses bras, je passe ma main sous son t-shirt, il frissonne sous mes doigts froids, j’approche doucement ma bouche de la sienne, mais il m’interrompt dans mon élan.

    - Qu’est-ce que tu fais ? 

    - J’ai besoin de toi Nate.

    Je finis ce que j’avais commencé à faire et je l’embrasse doucement au début, mais je sens au fond de moi cette envie d’aller plus loin alors je laisse aller ma langue à la rencontre de la sienne. Je laisse descendre ma main jusque sous la ceinture de son pantalon. Il m’arrête. 

    - Tu es sûre de ce que tu fais ? Ce n’est pas trop tôt pour toi ? Je ne veux pas te faire mal, je ne veux pas te brusquer…

    - Chut, fais-moi oublier, s’il te plait. 

    Chapitre 4 - Décembre

    Il se lève, je ne comprends pas au début, mais il va fermer la porte à clef et fouille dans son sac pour en sortir une boite de capotes. Je le regarde posant des questions avec mon regard, qu’est-ce que tu fais et pourquoi as-tu des préservatifs dans ton sac ? Je n’ai même pas besoin de demander à haute voix, il me répond tout seul.

    - Je n’ai pas vraiment envie qu’un membre de ta famille entre par mégarde et ça c’est juste parce que j’ai toujours une boite dans mon sac, je n’avais rien prévu du tout. 

    Je ne réponds pas, je souris juste. J’attrape son t-shirt pour le ramener à moi, il m’embrasse profondément, il est doux quand il me démunit de mes vêtements, quand il m’embrasse, quand il me caresse. J’hésite un peu avant qu’il ne descende ses mains là où je le redoute, mais il me redonne confiance en moi peu à peu et je le laisse me faire oublier mes démons, remplaçant les images horribles par des doux souvenirs de lui, me possédant délicatement. 

    C’est comme ça que j’ai passé les deux dernières semaines de décembre, la journée nous étions seulement des amis, devant ma mère je l’appelais « Natouche », nous rigolions ensemble de choses et d’autres, nous n’étions pas si proche physiquement, je profitais de ma famille, de me ressourcer, et la nuit, nous étions de véritables amants, je le laissais me séduire un peu plus chaque fois, il me laissait un peu plus d’occasions de l’appeler « Nate » comme il l’aimait, pendant qu’il me procurait plus de plaisir que je ne saurais imaginer, pendant qu’il me faisait oublier cette sombre soirée, pendant qu’il me faisait oublier qu’il n’était que mon ami. Et après ça, chaque soir, je regagnais toujours ma chambre avec un pincement au cœur, tout ça pour continuer à suivre ce schéma sans nous impliquer d’avantage. 


     

     

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  •  C’est la dernière semaine de vacances, je redoute déjà de rentrer, je suis si heureuse ici, je n’ai pas envie de retourner sur le campus, où je sais, que je devrais regarder par-dessus mon épaule à chaque pas. Je serais angoissée à l’idée de croiser l’un de ces types sans savoir que c’est eux. Mais en attendant, je savoure mes derniers instants, loin de tout ça. 

    Nate et moi continuons notre petit jeu tous les soirs ou presque. Hier soir, je devais être vraiment exténuée, car je me suis endormie dans ses bras, bercée par sa chaleur et par les battements réguliers de son cœur. Quand j’ouvre les yeux, il fait déjà jour, enfin le jour pointe le bout de son nez, je panique et me lève en sursaut, Nate dort à poings fermés, enfin, il dormait à poings fermés, il se réveille quand je m’assois au bord du lit, il attrape ma main avant que je ne me lève.

    - Reste avec moi Méli.

    - Je ne peux pas, ma mère va se poser des questions. 

    - On s’en fiche, reste avec moi.

    - Non, Nate.

    Il se retourne, vexé par mon refus, je me sens mal du coup, mais je ne veux pas que ma mère se pose et me pose des milliers de questions, c’est encore trop confus pour moi déjà. Je m’habille et ouvre doucement la porte de sa chambre, je sors et tombe nez-à-nez avec ma mère. Elle me regarde, un sourcil levé, je lui souris, complètement gênée.

    Chapitre 5 - Janvier

    - Maman ! 

    - Bonjour chérie !

    - On a papoté toute la nuit, j’ai dû m’endormir ! 

    - Tu diras à Nathanaël que le petit-déjeuner sera prêt dans 10 minutes !

    Elle ne dit rien de plus, elle sourit et descend les escaliers. Pourquoi je me suis justifiée ? Ce n’était même pas crédible du tout en plus. Je fais demi-tour et rentre à nouveau dans la chambre de Nate. 

    - Je t’avais dit de rester avec moi, la prochaine fois, tu m’écouteras. 

    Il est assis sur le lit, je suis près de la porte, je n'en reviens encore pas de m’être fait griller comme une imbécile. Il se lève pour me rejoindre, il m’attrape et me soulève, j’enroule mes jambes autour de sa taille. Il m’embrasse.

    - Comme ça, on a passé toute la nuit à papoter ? 

    - Tu voulais que je lui dise quoi ? Que sa petite fille chérie s’est fait baiser toute la nuit ! 

    - Méli, s’il te plait ! Déjà, je ne te baise pas, je te fais l’amour, c’est différent et ensuite, depuis quand tu jures ? 

    - Depuis que j’ai décidé que j’en avais marre d’être une gentille petite fille, depuis maintenant en fait ! 

    - Intéressant ! C’est dommage, 5 minutes, c’est tout ce dont j’aurais eu besoin pour te baiser, mais comme ce n’est pas ce que je fais, je vais devoir prendre une douche froide. 

    Chapitre 5 - Janvier

    Il m’embrasse et me lâche pour aller dans sa salle de bain, je suis un peu déçue et frustrée, je sors et entre dans la mienne pour prendre une douche, j’aurais pu le rejoindre dans la sienne, mais c’est trop, trop d’un coup. Je ressors et descends dans la cuisine, Nate est déjà là avec ma famille, ma mère me lance un regard complice tout en souriant, on finit notre petit-déjeuner avant de sortir entre filles, laissant les hommes seuls à la maison. Faire du shopping avec ma mère m’a tant manqué, on passe devant un coiffeur, je m’arrête et je commence à me dire que je devrais changer de tête pour un nouveau départ, ma mère m’accompagne et quand la coiffeuse à fini son travail, je me demande juste si Nate va aimer le nouveau moi. 

    Quand nous rentrons en fin d’après-midi, les garçons sont devant un match, j’appréhende la réaction de Nate. Je dois déjà rougir en attendant qu’il pose son regard sur moi. Ils sont concentrés et ne remarquent pas notre arrivée. Ma mère tente de capter leur attention. 

    - Nous sommes rentrés les garçons. 

    Matt ne décroche pas de la télé, ma mère lève les yeux au ciel, Nate lui se retourne et me scrute. 

    - Tu aimes ?

    - Ça… ça te va bien, oui ! 

    Il a un peu hésité, est-ce que ça ne lui plait pas ? J’arrête de sourire et rejoins ma mère dans la cuisine. Elle commence à préparer le repas. 

    - Alors ma chérie, avec Nathanaël ?

    - Quoi ?

    - Eh bien, vous sortez ensemble ? 

    - Non, bien sûr que non, Nate est juste mon ami, rien de plus.

    Chapitre 5 - Janvier

    Quand je me retourne après avoir dit ça, il est là, à l'entrée de la pièce, il s’est arrêté, me regarde chagriné, reprend ses esprits et prend deux bières dans le frigo pour repartir dans le salon. Pourquoi je me sens si mal d’avoir dit ça, est-ce que c’est parce qu’il l’a entendu ou est-ce que c’est parce que je n’y crois pas une seconde ? 

    Depuis cet incident dans la cuisine, Nate semble ailleurs et rigole mécaniquement. Le repas est plus calme que d’habitude et quand nous allons nous coucher, je sais que ce soir, je resterais dans ma chambre. Je n’arrive pas à dormir, j’ai pris un livre, mais j’ai du mal à me concentrer. Soudain, ma porte grince et la silhouette musclée de Nate se dessine dans l’obscurité. Il s’avance doucement pour me rejoindre sur le lit. 

    - Je te dérange ? 

    - Non, pas du tout, je n’arrive pas à trouver le sommeil encore. 

    - Pourquoi tu n’es pas venu ? 

    - Je ne sais pas, je… 

    Il caresse doucement ma joue de son pouce, je ferme les yeux pour apprécier cette caresse. 

    - En fait, ce que j’avais réellement envie de te dire quand tu es rentrée, c’est que je te trouve extrêmement belle comme ça, mais que peu importe comment tu es à l’extérieur, ce que j’aime, c’est ce que tu es à l’intérieur. 

    J’ouvre de grands yeux surpris, est-ce qu’il vient de me dire qu’il m’aimait ? Est-ce que c’était sa déclaration ? Qu’est-ce que je dois lui répondre ? Est-ce que je l’aime moi aussi ? Ou est-ce que c’est juste un ami avec qui j’aime partager un bonus ? Je panique complètement. Nate me sourit.

    Chapitre 5 - Janvier

    - Ne t’en fais pas, si ce n’est pas encore réciproque, mais ce que je vis avec toi, je n’ai pas envie de le vivre avec une autre fille. 

    - Je… je je ne sais pas Nate, c’est tellement confus dans ma tête, j’aime ce que l’on partage, mais je ne sais pas si je t’aime comme un ami ou comme un amant. 

     

    Chapitre 5 - Janvier

    Fin des belles paroles, Nate me cloue le bec en m’embrassant, il se redresse pour enlever ses habits, laissant juste son caleçon puis il me déshabille à mon tour, complètement, il pose ses lèvres brulantes un peu partout sur moi, ses doigts trouvent le point sensible de mon entre-jambe et je gémis, un peu fort, pour atténuer le son, Nate pose sa main sur ma bouche, mes vieux démons refont surface, je suffoque et secoue la tête.

    - Ne fais pas ça, s’il te plait.

    - Pardon, quel abruti je suis.

    - Est-ce que tu as pris de quoi te protéger ?

    - Non Méli, je n’ai rien pris, on dirait donc que je vais devoir me servir exclusivement de mes mains et de ma bouche, essaye de faire un peu moins de bruit !  

    Je n’ai pas le temps de lui répondre, il plonge sa tête entre mes cuisses et passe sa langue entre mes lèvres chaudes et mouillées. De temps en temps, quelques doigts viennent rejoindre la danse me procurant un maximum de jouissance. Je suis essoufflée et devoir retenir mes cris me frustre au plus haut point, Nate à l’air content de lui. Il bande tellement que je me demande comment il fait pour ne pas exploser. 

    Chapitre 5 - Janvier

    /!\ Image bonus - medium /!\

    - Apprends-moi à te donner du plaisir avec ma bouche. 

    - Seigneur Méli, tu vas me tuer ! 

    - Quoi ? 

    - T’entendre me demander ça, tu ne te rends pas compte à quel point c’est super excitant. Tu sais combien d’hommes rêveraient d’entendre ça de la bouche d’une fille ? Tu viens officiellement de m’élever au rang de roi !

    Je rigole un peu fort, mais Nate est tellement cinglé que c’est difficile de ne pas rigoler. Lui-même rigole de ses bêtises, il m’embrasse et se dévêtit, il attrape ma main pour me guider, il m’explique deux ou trois trucs avant. Quand je commence à me pencher, il m’arrête.

    - Et surtout, n’oublie pas ce que te disait ta maman quand tu étais petite, ne parle pas la bouche pleine ! 

    - Je t’en supplie Nate, ne parle plus jamais de ma mère dans un moment pareil ! 

    Il commence à rigoler et lorsque je le prends entre mes lèvres, un gémissement rauque se fait entendre du fin fond de sa gorge, on dirait un animal, c’est excitant et je suis surprise du plaisir que ça me procure en même temps. Je l’ai laissé jouir dans ma bouche dans un râle de plaisir. Il était satisfait et exténué, je l’ai laissé dormir avec moi.

    Chapitre 5 - Janvier

    /!\ Image bonus n°1 - soft /!\ --  /!\ Image bonus n°2 - hot /!\ 

    Le temps de se dire au revoir est arrivé, ma mère pleure et je fais tout ce que je peux pour retenir mes larmes. J’étais tellement bien dans ma bulle avec Nate, le retour à la réalité va être un peu dur, mais je suis bien décidée à avancer. 

    - Tu vas me manquer ma chérie !

    - Moi aussi maman, mais on se revoit bientôt ! 

    - Nathanaël, tu prendras bien soin d’elle ?

    - Ne vous en faites pas madame !

    - Lainiemon grand, madame, c’est pour les grands-mères ! 

    Ma mère le prend dans ses bras aussi. J’attends d’être dans la voiture et d’avoir fait quelques kilomètres pour laisser sortir mes pleurs, Nate pose doucement sa main sur ma jambe pour m’apaiser. 

    Quand nous arrivons sur le campus, il remarque que je suis nerveuse.

    - Ça va aller ?

    - Je déteste cet endroit.

    - Plus que 5 petits mois à tenir Méli, je te promets d’être toujours là pour toi.

    Chapitre 5 - Janvier

    Je me contente de lui sourire pour le remercier, il sort mes valises et les monte dans ma chambre puis il me laisse seule. Je range mes affaires et me repose un peu. Le reste du mois de janvier va être monotone, taff, révision, cours et petits extras, la nouvelle Mélissandre fait surface, nouvelle coupe, nouvelle garde-robe, nouveau caractère et pourquoi pas nouveau petit-ami ?


     

     

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    Depuis que nous sommes rentrés de vacances, nous n’avons plus rien fait. Non pas parce que nous n’en n’avions pas envie, mais parce que nous étions réellement trop occupés. Et du coup, par la même occasion notre relation est restée aussi au point mort. Mais ce n’est pas un problème pour nous, pour l’instant, nous sommes exclusivement captivés par nos études et c’est bien comme ça.

    Ce matin, je traverse le campus pour aller dans le bâtiment des langues, en passant par le parking, j’aperçois Sean au loin, il discute avec quelqu’un, plus j’avance plus je suis en colère, je ne l’ai pas recroisé depuis, à croire qu’il se cachait dans sa tanière, en fait, c’était peut-être moi qui me cachais. Je me rapproche, l’homme avec qui il discute ou se dispute est plus âgé que nous, mais il lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Il est trop jeune pour être son père, j’en déduis donc qu’il doit s’agir de son frère, il est vraiment canon et n’a pas l’air content. L’ancienne moi aurait changé de chemin, baissant les yeux, la nouvelle moi fonce droit dans le tas. Je me pointe derrière Sean interrompant leur conversation.

    - Sean, j’en ai plus qu’assez de tes conneries, quand est-ce que tu vas devenir un peu plus responsable ?

    Tiens, moi aussi, je me le demande. Je tapote sur l’épaule de Sean, il se retourne, surpris. Je souris à son frère avant de gifler de toutes mes forces le sujet de mes troubles. 

    - Pour m’avoir pourri la vie, plus que tu ne le crois.

    Je tourne les talons, satisfaite de mon geste, soulagée même. Et j’entends le frère de Sean péter un plomb.

    - Et ça, c’est quoi encore ? Tu déconnes complètement mon grand, arrêtes d’être une bite sur patte bordel. Qu’est-ce que tu lui as encore fait à celle-là ? 

    Chapitre 6 - Février

    Je n’entends pas la suite, je suis trop loin, mais voilà enfin quelqu’un pour remonter les bretelles de cet abruti fini. Je rejoins Nate qui m’attend déjà. 

    - Tu es de super bonne humeur aujourd’hui ! 

    - Oui, je viens de gifler Sean, ça fait un bien fou !

    - Quoi ? Après les jurons, ma petite Méli devient une guerrière ! Intéressant tout ça ! 

    Il dit ça avec un regard coquin ! Je rigole, j’aimerais le traîner jusque dans le placard à balais le plus proche pour assouvir mes désirs les plus profonds qui n’attendent que d’être réveillés depuis des semaines. Je me reprends. Je ne vais pas commencer cette journée en pensant à ça ! 

    En sortant du cours, je vois Sean adossé au mur, je m’attends à passer un sale moment, c’est vrai que je n’ai pas pensé aux conséquences de mes actes. Il me voit et s’avance. Nate est derrière moi.

    - Mélissandre ! 

    - Qu’est-ce que tu lui veux ? T’en a pas déjà assez fait ?

    - C’est bon Nate, laisse, je vais gérer, merci !

    Il s’écarte et attend plus loin. J’adore quand il est protecteur avec moi. Je trouve ça romantique. 

    - Qu’est-ce que tu veux Sean ?

    - M’excuser !

    - Pardon ?

    Chapitre 6 - Février

    - Oui, je voulais m’excuser pour avoir fait courir des rumeurs sur toi… ce n’était pas correct. Donc voilà, je suis désolé.

    - Ben dit donc, qui aurait cru que tu serais un peu moins con un jour ? Pas moi en tout cas, j’accepte tes excuses, j’espère que tu continueras sur ta lancée !

    Je le contourne et retrouve Nate. Il passe son bras autour de mes épaules.

    - Qu’est-ce qu’il voulait cet abruti ?

    - Juste s’excuser ! 

    - Ah bon ? Il me surprendra toujours ce type.

    Il me raccompagne jusqu’à ma chambre, je me change pour aller à la petite supérette dans laquelle je bosse plusieurs fois par semaine le soir. Je trouve le temps long, les clients sont parfois désagréables et la paye n’est pas mirobolante, mais ça me fait toujours ça. Avant de partir, je prends de quoi grignoter, sans quoi je vais encore me faire enguirlander par Nate et je rentre dans ma petite chambre étudiante. 

    Cette semaine, tout le campus à les hormones aux aguets, c’est la semaine de la Saint-Valentin et pour l’occasion une soirée est organisée, tout le monde cherche un partenaire pour y aller. Vous me connaissez assez maintenant pour savoir que je déteste ce genre de soirées débiles. Et franchement, j’espère que Nate ne va pas tomber dans le cliché et m’inviter à être sa Valentine en m’apportant une douzaine de roses. J’espère qu’il vaut mieux que ça ! Justement en parlant du loup, le voilà qui toque à ma porte. Je respire un grand coup en me répétant en boucle « pourvu qu’il ne m’invite pas à cette soirée ». J’ouvre la porte. Il entre et embrasse mon front, j’en voudrais bien plus, mais je me contente de ça. 

    Chapitre 6 - Février

    - Bonsoir, petite Méli ! 

    - Monsieur Nate !

    - Tu vois au final, tu as fini par t’y habituer et à m’appeler comme tout le monde ! 

    C’est vrai que je ne fais plus de différence dans ma façon de l’appeler suivant la situation, je l’appelle maintenant toujours Nate, et au final, ça me plait, ça glisse sur la langue et c’est sexy. Je lui fais une grimace et m’installe sur mon petit canapé.

    - Tu sais que vendredi il y a la soirée de Saint-Valentin ?

    Oh pitié, ne me dîtes pas que lui aussi s’est laissé embobiné, sérieusement Nate, si l’amour te fait devenir aussi gaga, ça va devenir compliqué !

    - Oui, j’aurais un peu de mal à l’oublier, on ne voit que ça partout ! 

    - Je me disais, est-ce que ça te dirait de ne pas y aller et de sortir de ce campus ?

    - Hein ?

    - Oui, je sais, tous ces trucs nunuches, ce n’est pas toi, ni moi d’ailleurs, si on allait, genre au ciné ou n’importe où, mais loin d’ici ! 

    - Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir en me proposant ça ! Tu m’as fait peur, j’ai bien cru un instant que tu avais sombré du côté obscur ! 

    - Jamais !! Enfin, pourquoi pas, peut-être, juste un peu !

    Chapitre 6 - Février

    Il me rejoint sur le canapé pour m’enlacer, je me dis que peut-être ce soir, il a envie d’aller plus loin, mais il n’en fait rien. Est-ce qu’il a toujours des sentiments pour moi ? Est-ce qu’il est toujours attiré par moi ? Je n’ose pas lui demander et pour tout le reste, je ne veux pas faire le premier pas, j’ai trop peur de me prendre un vent. Je me contente d’ensevelir sous une montagne de questions, le désir qui grandit en moi un peu plus chaque jour. 

    Arrive la soirée tant attendue, Nate passe me chercher, nous allons dans le petit ciné pas loin du campus, nous trouvons quand même autre chose qu’un film d’amour à regarder, pour notre plus grand bonheur. Après la séance, nous partons, mais il ne veut pas me dire où il m’emmène donc je me contente de regarder le paysage défiler à bord de la voiture. Il finit par s’arrêter et me fait descendre puis nous marchons un petit moment, jusqu’à arriver à un petit coin de paradis, le bruit des vagues se fracassant contre la falaise se fait entendre au loin, des arbres et un petit coin d'eau naturel, tout est magnifique. C’est romantique et ça me fait un peu paniquer, pourquoi Nate m’emmènerait-il dans un endroit pareil ? 

    - Tu aimes ?

    - Oui, c’est magnifique ! 

    - Ça fait un petit moment que je veux te montrer cet endroit, mais les choses ont fait que ce ne soit pas possible. Désolé pour le timing, du coup ça fait un peu trop nunuche ! 

    - Non, non, Nate, c’est parfait ! Ne t’inquiète pas ! 

    Je ne veux pas le blâmer de me conduire dans ce petit coin somptueux, sous prétexte que nous sommes le soir de la St-Valentin. Il prend ma main et me guide jusqu’à la falaise, il s’assoit par terre et m’invite à faire de même. Nous sommes seuls avec la nature, c’est apaisant et ressourçant. Je me demande si c’est aussi magnifique de jour, bien sûr que ça doit l’être, peut-être même encore plus beau. Nate s’allonge alors je fais de même.  

    Chapitre 6 - Février

    - Tu vois ça, les étoiles qui forment un W, c’est la constellation de Cassiopée.

    - Ah oui, je la vois, je ne savais pas que tu aimais les étoiles !

    - J’adorais regarder les étoiles avec ma nounou quand j’étais petit. 

    - Montre-moi d’autres constellations !

    - De ce côté, tu as un morceau de la Grande Ourse, tu vois ça fait une casserole. 

    - Oh oui, j’adore ! 

    - Voilà, mes connaissances en astronomie s’arrêtent là ! 

    Il rigole. Son rire est entraînant alors je ris avec lui.

    - Visiblement, ce n’est pas avec mes talents d’astronome que je vais te séduire !

    - Nathanaël Jenkins, seriez-vous en train de me faire la cour ? 

    Oh et puis zut pour les bonnes résolutions, je me redresse pour mettre une jambe de chaque côté de son bassin alors qu’il est toujours allongé. Les mains sur son torse, je les laisse remonter jusqu’à son visage puis je me penche pour l’embrasser. Il se laisse faire et ne tente rien de plus alors je me redresse et reprends ma place à côté de lui légèrement confuse.

    - Ça te dirait de vivre avec moi ?

    - Quoi ? 

    Chapitre 6 - Février

    Qu’est-ce que c’est que cette proposition bizarre ? 

    - De vivre avec moi ! 

    - Dans ta fraternité ?

    - Non, en colocation, tu sais dans un petit appart autour du campus, entre amis !

    - Entre amis ?

    - Oui, c’est bien ce que nous sommes ?

    En plus d’être légèrement confuse, je me retrouve légèrement blessée aussi, je ne comprends plus rien, pendant les vacances d’hiver, il a dit qu’il m’aimait, je ne l’ai pas rêvé quand même et aujourd’hui, il me propose de devenir sa colocataire ? Quand est-ce que notre relation est devenue aussi bizarre ?

    - Je n’ai pas les moyens de payer une colocation.

    - Tu sais que ce n’est pas un problème pour moi, tu payeras les courses ! 

    - Mais…

    - Mais, rien du tout, je sais que tu détestes cette chambre étudiante puis ça pourrait être cool pour finir l’année ! 

    - J’aimerais y réfléchir quand même Nate.

    Chapitre 6 - Février

    Il s’est penché et a embrassé ma joue doucement. Nous quittons ce petit coin de paradis pour retourner sur ce campus que je déteste, il me promet de me montrer l’endroit de jour. Je rentre dans ma chambre et m’affale sur le lit. Vivre avec Nate en colocation, pourquoi pas, nous passons déjà beaucoup de temps ensemble. Peut-être que cela nous rapprochera encore plus. Car j’ai de plus en plus de mal à comprendre ce qu’il ressent.


     

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